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Le repos du week-end est-il essentiel ? Normalité et bienfaits de ne rien faire

68 % des cadres français consultent leurs e-mails professionnels au moins une fois le week-end. Ce chiffre ne sort pas de nulle part : la frontière entre vie privée et travail se dissout à mesure que nos portables vibrent jusque sur la table du petit-déjeuner. Pourtant, la littérature scientifique est formelle : plus la disponibilité s’étire, plus le stress s’installe. L’Organisation mondiale de la santé, de son côté, recommande des vraies coupures régulières, peu importe que l’on ait bouclé sa to-do hebdomadaire ou non.

Face à cette réalité, certaines entreprises ont pris le parti de verrouiller la déconnexion les week-ends, imposant une trêve numérique. D’autres préfèrent miser sur la souplesse et l’autonomie, laissant à chacun la liberté, ou la pression, de gérer son temps libre comme il l’entend. Les études s’accumulent et scrutent l’effet de ces stratégies sur la santé psychique, la satisfaction et, finalement, le bonheur au travail.

Pourquoi le repos du week-end est devenu un enjeu de société

En 2024, la question du repos du week-end ne se limite plus à l’art de la grasse matinée : elle est devenue un sujet collectif. Les alertes scientifiques sur le manque de sommeil se multiplient, plaçant la récupération au cœur des discussions sur la santé publique. Anne-Marie Chang, chercheuse à l’Université de Penn State, a mené une étude sur le manque de sommeil qui cloue le bec à une idée reçue : rallonger ses nuits le week-end ne suffit pas à effacer les dégâts d’une semaine trop courte. Impossible donc de compenser à coups de grasses matinées.

Le sommeil ne se traite pas comme une variable d’ajustement pour « tenir » jusqu’au vendredi soir. À force de rogner sur ses heures, on s’expose à un cocktail peu enviable : maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, dépression. Ajoutez à cela le stress qui s’accumule, le dérèglement du cycle veille-sommeil, la concentration en berne : c’est tout l’équilibre vie professionnelle et personnelle qui finit par vaciller.

Voici trois points clés à retenir sur ce sujet, qui vont bien au-delà du simple confort individuel :

  • Le sommeil façonne notre santé physique et mentale sur la durée.
  • On ne rattrape pas des nuits perdues comme on règle une dette.
  • Les conséquences débordent largement la sphère privée et impactent la société entière.

En France, rester inactif le temps d’un week-end suscite parfois la suspicion, comme si l’on trahissait la nouvelle norme du « toujours occupé ». Pourtant, la recherche est limpide : pour rester en forme, il faut des pauses réelles. Le week-end n’est pas un luxe réservé à quelques-uns, mais une nécessité inscrite dans nos besoins fondamentaux.

Routines rigides ou flexibles : quel impact sur notre bien-être ?

L’idée de la routine idéale fait rêver beaucoup : le bon dosage entre vie pro et vie perso, la journée parfaitement orchestrée. Mais à force de vouloir tout cadrer, certains finissent par heurter de plein fouet les lois naturelles du sommeil et du bien-être. Nos rythmes circadiens, ces horloges internes qui règlent la température du corps, l’appétit ou encore l’endormissement, ont besoin de régularité, certes, mais aussi d’une dose de souplesse. Un manque de sommeil persistant dérègle la production de mélatonine et chamboule tout le système hormonal, laissant derrière lui une fatigue tenace.

Le télétravail a souvent accentué la sédentarité : moins de trajets, moins de lumière du jour, plus de temps devant les écrans. Philippe Beaulieu, médecin du sommeil, met en garde : nos repères naturels se perdent, les troubles augmentent. Passer la majeure partie de la journée à l’intérieur favorise la prise de poids, la baisse de forme et des nuits agitées. Les recommandations du CDC sont limpides : éviter les lumières artificielles avant de dormir et bouger régulièrement, deux piliers pour retrouver un sommeil de qualité.

Frédéric Saldmann, médecin et spécialiste de la nutrition, résume bien la situation : l’activité physique, même légère, remet l’organisme d’aplomb. Rien ne remplace une sortie à la lumière naturelle pour resynchroniser l’horloge interne. À l’inverse, la lumière bleue des écrans brouille les signaux du sommeil. Miser sur la flexibilité, c’est accepter d’ajuster son agenda pour respecter ses besoins physiques : une démarche qui va bien au-delà d’un simple moment de repos.

Voici quelques repères concrets pour adapter ses habitudes :

  • S’exposer à la lumière du jour dès que possible, surtout en matinée.
  • Réduire l’usage des écrans et des sources lumineuses artificielles le soir.
  • Prévoir chaque jour un moment d’activité physique, même modeste.

Jeune homme allongé dans un parc en automne

Adopter une routine équilibrée pour mieux profiter de ses temps libres

Les temps libres du week-end, longtemps relégués au rang de parenthèse, prennent désormais une dimension collective. Pour tirer le meilleur parti de ces moments, la routine équilibrée s’impose comme une alliée précieuse : elle donne une structure sans figer le quotidien. D’après les spécialistes, dont l’équipe de ThéraSomnia qui propose des programmes de Thérapie Comportementale et Cognitive de l’insomnie (TCC-I), un cadre régulier favorise un sommeil réparateur.

Depuis la pandémie et l’essor du télétravail, l’isolement s’est accentué. La solitude, les émotions négatives et l’ennui s’invitent plus souvent. Ces états ne sont pas anodins : ils peuvent glisser vers des troubles alimentaires ou une prise de poids. Les études montrent l’intérêt de maintenir des liens sociaux, d’alterner entre moments pour soi et partagés. Plutôt que d’aligner les activités à l’excès, le mieux reste de doser, d’alterner repos et interactions selon ses besoins.

Profiter de ses jours de repos ne se limite pas à rester inactif. Parfois, laisser de la place à l’ennui, accepter de rêvasser sans culpabilité, permet à l’esprit et au corps de reprendre des forces. Pour la plupart des professionnels de santé mentale, un temps libre bien vécu, soutenu par une routine souple, fait baisser la pression, protège la santé mentale et réactive la concentration. La routine, loin de brider, devient une rampe de lancement vers une vie plus équilibrée, où l’on apprend à conjuguer activité, pause et lien social.

Ralentir n’est pas synonyme de perdre son temps : c’est parfois la meilleure façon de retrouver son équilibre et de savourer la vie, loin du tumulte du lundi matin.