Santé

Le serment de Virginia Henderson et son importance en soins infirmiers

Un texte rédigé il y a plus d’un demi-siècle continue de façonner la colonne vertébrale de la profession infirmière. Le serment de Virginia Henderson, absent des codes de déontologie officiels, imprègne pourtant, en filigrane, la formation et les usages du métier à travers le monde. Sa portée ne s’estompe pas avec le temps : il reste un marqueur fort de l’identité soignante, reconnu pour la clarté de ses principes et la profondeur de ses engagements.

L’influence de ce serment va bien au-delà d’un simple rappel de valeurs fondatrices. Lors de nombreuses remises de diplômes, dans des écoles ou des hôpitaux, son texte résonne encore, comme un rite de passage. À chaque génération, il rappelle que l’exercice infirmier s’inscrit dans une tradition vivante, une transmission de convictions et de responsabilités.

Virginia Henderson : une vision novatrice du soin et de l’autonomie

Difficile d’évoquer l’histoire des soins infirmiers sans y associer le nom de Virginia Henderson. Son approche a bousculé la représentation du soin : elle refuse la séparation entre corps et esprit et donne à la relation soignant-soigné une dimension globale. Dans cette optique, le rôle de l’infirmier va bien au-delà des gestes routiniers. Il s’agit d’encourager chaque patient à préserver, retrouver ou renforcer son autonomie, selon ses capacités du moment.

Les quatorze fondamentaux de Henderson forment la trame d’une prise en charge au plus près de la singularité des personnes. Plutôt qu’une check-list impersonnelle, ils fournissent un cadre pour réellement accompagner chaque individu. En voici la traduction concrète :

  • la respiration, l’alimentation, l’élimination,
  • la mobilité, le repos, l’habillement,
  • la régulation de la température, la propreté,
  • la sécurité, la communication,
  • le besoin de croyances ou de valeurs,
  • la réalisation de soi,
  • la participation à des activités récréatives ou éducatives,
  • le besoin de s’affirmer en tant que personne.

Ce modèle s’écarte de la logique strictement technique. L’infirmière n’est pas un simple exécutant : elle accompagne, soutient, fait en sorte que le patient garde la main sur ce qu’il peut et sur ce qu’il souhaite. Cette notion, résumée par Henderson dans « aider à faire ce que la personne ferait seule si elle en avait la force, la volonté ou la connaissance », marque la frontière avec les approches qui cantonnent le patient à un rôle passif.

En quoi le serment de Virginia Henderson façonne-t-il la pratique infirmière ?

Le serment de Virginia Henderson n’est pas un simple texte mobilisé le temps d’une cérémonie de fin d’études. Il teinte concrètement la façon d’exercer, des bancs de l’IFSI au quotidien en service, jusqu’au passage du diplôme d’État. À travers cet engagement, chaque infirmier ou infirmière place la personne au centre de toute décision liée au soin.

L’écoute active commence dès l’anamnèse : il s’agit de cerner le vécu du patient, de repérer ses inquiétudes, sa routine, ses ressources. Ensuite, l’évaluation clinique se construit minutieusement : observer, questionner sans se contenter des apparences, découvrir l’individu derrière les diagnostics.

Quand vient le temps de planifier, l’approche défendue par Henderson ne laisse pas place à l’automatisme. L’infirmier bâtit un projet personnalisé : il s’appuie sur les fondamentaux pour favoriser l’autonomie, garantir la dignité, dépasser les actes techniques. Dans les équipes ou lors d’échanges avec le Conseil international des infirmières, ce serment sert de repère et de boussole au fil des situations. Au final, il rappelle que la qualité du soin infirmier s’évalue à l’aune de l’humanité délivrée autant qu’à la précision du geste.

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Ressources et pistes pour approfondir la compréhension des concepts infirmiers

Le modèle conceptuel de Henderson reste un socle solide pour réfléchir et progresser en formation en soins infirmiers. Différents moyens existent pour mieux saisir les subtilités de ses quatorze besoins fondamentaux :

  • Les textes rédigés par le Conseil international des infirmières analysent la dimension éthique et collective du soin sous un jour nouveau, au contact du terrain.
  • Étudier le modèle des 14 besoins fondamentaux à la lumière de la pyramide de Maslow permet d’éclairer la hiérarchie complexe des besoins : du plus élémentaire au développement personnel.

Les cursus spécialisés et formations qualifiantes proposent régulièrement des modules pour approfondir : analyses de situations concrètes, lectures croisées de modèles, échanges autour d’études de cas. Les bibliothèques des établissements de santé regorgent de manuels, d’articles et de ressources récentes sur la pratique infirmière et les nouveaux regards sur la santé.

Pour aller plus loin

Étudier les recommandations professionnelles, confronter les cas pratiques, questionner le rôle de l’autonomie au sein de chaque prise en charge : cette dynamique continue façonne la profession. Les réseaux d’IFSI, tout comme la formation continue, offrent l’occasion de toujours repenser la manière d’agir au chevet du patient.

Derrière chaque promotion sortant diplômée, ce serment agit tel un fil conducteur. Il n’est pas une simple formalité : c’est une ligne de mire, qui résiste aux soubresauts du quotidien. Même lorsque la réalité du terrain malmène les repères, nombreux sont ceux qui y retrouvent la force de rester fidèles à l’esprit du soin.